Journal des Chœurs n°4

Chers Amis
Voilà maintenant un an que la pandémie a changé bien des choses dans nos vie et manière d’être. Nos habitudes ont changé, nos projets sont reportés, nos relations aux autres ont changé.
Mais cette situation de pandémie nous oblige à deux choses : avoir un regard intérieur et une vision sur les autres qui n’est sans doute plus la même.
Un regard intérieur pour reconnecter son âme et chacun lui donnera le sens qu’il souhaite. De reprendre contact avec des valeurs plus essentielles et de sortir de la trépidation de la vie extérieure. On a réappris le calme, le silence, la méditation et/ou la prière. Notre vie intérieure devient quelque chose d’important qui a besoin d’être nourrie.
L’extérieur est à distance. Une distance qui nous est imposée, mais paradoxalement, elle n’est pas pour nous éloigner des autres, mais pour nous rapprocher. Comme si cette distance nous faisait prendre conscience de l’importance de l’autre dans nos vies. Comme si le fait d’en être privé avait resserré les liens.
Nous gardons le lien. Si cette distance imposée ne nous permet pas encore de nous retrouver totalement, nous le faisons par petites cellules pour vous accompagner dans votre prière lors des messes du dimanche.

Nous gardons le lien avec notre site : http://choeursecolemilitaire.org – que je vous invite à découvrir. Vous y trouverez notre actualité et notre activité et d’un clic, vous pourrez aussi nous entendre !

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« Chanter c’est prier deux fois« , ces mots de Saint-Augustin illustrent bien tout le travail fait par le Maître de Chapelle et Chef de Chœur, Madame Blandine Vadakarn.

Dans ces rôles de Maître de Chapelle et Chef de Chœur la prière est triple. Elle est dans la préparation de l’animation liturgique, dans les répétitions et dans l’animation des offices.
Penchons-nous sur cette face peu connue, cette partie immergée de son travail qu’est la préparation, la construction de l’animation liturgique. Laurence Desbène, choriste, a rencontré la chef de chœur pour en savoir d’avantage…
Laurence Desbène : Blandine Vadakarn, dites-nous-en quoi consiste votre travail de préparation des animations liturgiques ?
Blandine Vadakarn : Je prépare les programmes des animations de messes jusqu’à un mois avant environ, c’est ce que l’on appelle les conducteurs. L’aumônier valide ces programmes et le dimanche, ce conducteur est aussi donné à l’organiste pour que celui-ci et la chef de chœur entonnent le bon chant !
C’est derrière mon ordinateur que je me lance dans la construction de ces animations.
Le chant d’entrée, psaume et Alléluia sont choisis en fonction des lectures du jour du dimanche (première et deuxième lecture, Évangile)
Quant à l’ordinaire de la messe, les Kyrie, Sanctus et Agnus ainsi que le chant de Communion sont choisis en fonction des chanteurs présents ce dimanche-là en suivant le planning que j’ai établi (et donné aux choristes chaque trimestre). Selon les petits ensembles prévus : duos ; trios, quatuors, quintettes, chœur de femmes, chœur d’hommes ou encore Chœur tutti (au moins une fois par mois). J’essaie de répartir au mieux les chanteurs sur les différents dimanches dans le but d’avoir une animation permanente et renouvelée sans peser trop lourdement dans l’agenda de chacun des choristes.
C’est par rapport à ces chanteurs, en fait, que je cible le choix des chants principalement et bien entendu de la liturgie du jour !
Le chant à la Vierge, lui, ne dépend pas des lectures. J’essaie toujours de l’alterner par rapport à ce qui a été chanté la semaine précédente mais tout en respectant le temps liturgique : durant tout le mois de janvier jusqu’au 2 février, c’est l’Ave Regina Caelorum. Chaque antienne grégorienne dédiée à la Vierge a son temps liturgique. Jusqu’au jour de la Pentecôte, nous sommes toujours dans le Regina Caeli !
Après le dimanche de la Pentecôte et ce, jusqu’au dimanche du Christ Roi, nous revenons dans le temps ordinaire avec le Salve Regina ; au temps de Noël, c’est Alma Redemptoris Mater.
Nous pouvons aussi chanter : Je vous salue Marie, Laudate Mariam, l’Ave Maria de Lourdes ou encore Couronnée d’étoiles, et j’en oublie certainement…

LD : Comment choisissez-vous les chants ? avec qui ?
BV : J’y ai déjà répondu en partie. Principalement, je les choisis en fonction des lectures du jour, en fonction des chanteurs présents et en fonction de la liturgie. L’aumônier s’il le souhaite, peut demander un chant particulier pour un dimanche, le Chœur pourra ainsi avoir le temps de le répéter.
Notre Association possède une riche et belle bibliothèque de partitions.

LD : Quels sont les temps liturgiques forts ?
BV : Les deux premiers qui me viennent à l’esprit sont la Semaine Sainte qui nous conduit au jour de la Résurrection le dimanche de Pâques et puis Noël bien entendu avec la naissance du Christ.
A mes yeux c’est d’abord la Résurrection, même si, en suivant le calendrier scolaire, on pense souvent à Noël en premier !
Dans cette Semaine Sainte, on entre avec Jésus à Jérusalem, puis on arrive à la Passion du Christ, cette Passion qui monte crescendo au fil de la semaine avec la messe de la Sainte Cène, le dernier repas de Jésus et le vendredi Saint et le chemin de croix.
Revivre chaque année toute la semaine sainte est pour moi, un moment extraordinaire !
L’office de la Passion est merveilleux d’humilité et de dépouillement, moi qui aime la sobriété, je suis particulièrement touchée par cet office. La veillée Pascale, est quant à elle, joyeuse avec un rythme liturgique soutenu, vécue dans l’allégresse de la nuit de la Résurrection, ce feu nouveau dont les flammes exultent, où certaines années nous avons des baptêmes d’adultes, oui la nuit de la Résurrection où l’on chante « Exultez de joie multitudes des anges, exultez, serviteurs de Dieu, sonnez cette heure triomphale et la victoire d’un si grand Roi….. Ô nuit de vrai bonheur, nuit où le ciel s’unit à la terre, où l’homme rencontre Dieu », cette nuit-là est sans nul doute la plus belle nuit de l’année liturgique !
Noël c’est fabuleux aussi, l’ambiance est tellement joyeuse, fervente.
A la Pentecôte, nous recevons la force du Saint Esprit tout comme les apôtres bien avant nous. Il y a aussi l’Assomption, la fête de la Sainte Vierge Marie me touche aussi particulièrement, sans oublier La Toussaint, la fête de tous les saints.
En fait, le calendrier liturgique est magnifique !

LD : Quels sont les temps marquants pendant la Messe ?
BV : La question est plus difficile car tout a son importance.
Le chant d’entrée me semble primordial car il invite l’assemblée à se rassembler autour du Christ. Dieu invite les fidèles, à nous de les convaincre et de témoigner par notre chant ! Il doit être joyeux, allant et dynamique afin d’inviter les gens à entrer dans la liturgie.

Ce que j’aime le plus chanter dans la messe est le psaume qui me touche particulièrement au plus profond de mon être.


Psalmodier les différents psaumes tout au long de l’année est une véritable mission qui nous est donnée.
Cet enthousiasme à chanter le psaume me vient de Notre-Dame. Lorsque Monseigneur Revert, dont la personnalité était si lumineuse, entonnait le psaume, j’éprouvais une sorte d’exultation à l’entendre psalmodier, je trouvais cela d’une beauté infinie. Par la suite c’est mon frère Olivier-Henri qui a assuré cette mission à l’École Militaire. A chaque psaume chanté lors de l’office, je pense à cela, j’éprouve une vive émotion intérieure que je cherche à transmettre. Les textes des psaumes sont tellement beaux que nous avons une mission, celle de les prononcer le mieux possible, en articulant bien, en psalmodiant.
C’est une réelle responsabilité que de chanter le psaume durant la Messe.

LD : Auriez-vous une petite anecdote à nous raconter ?
BV : Il y a quelques années de cela, durant un mariage, j’étais seule en tant que chantre, je me trouvais face à l’assemblée au pupitre d’animation. Et là, au premier rang, parmi les enfants d’honneur, se trouvait un petit garçon, âgé de six ou sept ans, qui ne cessait de diriger en même temps que moi !
Ce petit garçon dirigeait d’ailleurs bien en rythme, se tournant lui aussi régulièrement face à l’assemblée. Et durant toute cette messe de mariage, j’avais tellement envie de rire et me retenais de le faire face à ce petit garçon qui prenait très au sérieux son rôle…
Une seconde anecdote : Un jour, alors que nous chantions avec un ami ténor, le chant « Ô prends mon âme », les paroles terminant le troisième couplet ont été quelque peu modifiées : « Voici l’aurore d’un jour nouveau, le ciel se dore de feux plus beaux. Jésus s’apprête, pourquoi gémir ?…  Levons nos têtes, il va venir », est devenu « Levons nos verres, il va venir » ! Vous imaginez le fou-rire que nous avons eu !

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Monseigneur Jehan Revert, ancien Maître de Chapelle de Notre-Dame de Paris de 1959 à 1992, prêtre, musicien, organiste, compositeur, organisateur, chef de Chœurs, pédagogue, latiniste, on peut dire de lui que c’est un kaléidoscope musical. Né en 1920, il meurt 95 ans plus tard après une longue vie consacrée au chant et à la liturgie dont il a été la cheville ouvrière sous les voutes de la cathédrale. Enfant il entre dans la maîtrise, à l’époque on ne chantait que le dimanche. C’est aussi à la cathédrale qu’il sera ordonné prêtre en 1944, il deviendra Maître de Chapelle en 1959 et prendra la direction de la maîtrise dès 1953. Mais le temps fort de son parcours sera le bouleversement liturgique du concile de Vatican II. Il va avec Monseigneur Berrar archiprêtre de l’époque et Pierre Cochereau organiste de ND, instaurer le rite en français. Il va de son écriture redonner de la modernité tout en restant dans la tradition du faux-bourdon, signature de Notre-Dame. Sous leurs impulsions, la vie musicale de ND prend de l’ampleur. Mgr Revert crée un chœur d’adultes, organise le premier concert des chœurs, d’autres suivront, enregistre, donne des conférences, présente les concerts et surtout il sera à la direction de la musique lors de la visite du Pape Jean Paul II.

Le Père Revert a été au XXè s. ce que Pérotin le Grand a été au XIIè s. il a donné les couleurs musicales à Notre-Dame de Paris.

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