Les Chœurs ont participé et animé les célébrations nationales et internationales du Pèlerinage Militaire International (P.M.I.) annuel à Lourdes de 2004 à 2012, sous la direction de sa Chef, Blandine VADAKARN.
P.M.I. une clé qui ouvre un tiroir de souvenirs formidables.
Dans ces lettres, résonnent les fanfares, les cornemuses, les chants. On y entend un brouhaha multilingue, de la frénésie, des cris, de l’agitation, du tapage, de profonds silences. On y voit de beaux uniformes, des pelotons en rangs serrés, marchant au pas et au rythme des fanfares, une foule immense, mais aussi des malades dans leur voiturette, des embouteillages de voitures et de piétons. On y respire le calme des matins brumeux, la rosée et l’herbe coupée, l’air de la montagne. On y rencontre la fraternité, la camaraderie, l’amitié. On y vit quelque chose de très intime et de particulier.
Pèlerinage Militaire International : c’est une Tour de Babel qui a pour dessein de se comprendre, pour réaliser le projet de la PAIX. Chacun y vient avec sa différence et tous communient dans les sanctuaires ou autour d’une bonne chope dans les bistros lourdais. Il y a cette dichotomie, avec d’une part la ferveur et d’autre part la fête, en une cohabitation entre le spirituel et le profane. Les rendez-vous cérémoniels sont des moments de recueillement, de piété. Ici, tous parlent le même langage, celui de la foi, de la croyance, de l’amour de l’Autre dans l’Amour de Dieu. Dans un cœur qui prie, le langage est universel et est compris par tous. Dans ces rendez-vous cérémoniels, la cohabitation est fraternelle, le recueillement profond et le silence impressionnant. Quinze mille personnes unies dans le silence, c’est impressionnant, émouvant et troublant. Il s’en dégage une grande intensité. Les rendez-vous profanes sont des moments de fraternité et de festivité qui nous tiennent en veille jusqu’à l’extinction des feux.
Processions, Méditation, Invocations. C’est palpable dans l’atmosphère, qu’il y ait peu ou beaucoup de pèlerins ! Lorsque vous descendez vers les sanctuaires, vous descendez vers le recueillement, la dévotion. La foule peut être grouillante, bruyante, mais toute cette agitation est amortie par ce climat de prière.
Dans les P.M.I., des rendez-vous cérémoniels immuables rythment ces jours de rassemblement. L’accueil des délégations marque le début du pèlerinage, ça commence en fanfare et se termine par un profond recueillement. La première fois, cela paraît étrange de voir défiler drapeaux et fanfares sous les applaudissements de leurs compatriotes. Cela ressemble à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympique. La flamme, symbole de Lumière, bénie par sa Sainteté le Pape, fait son entrée. Elle brûlera et éclairera les pèlerins jusqu’à la clôture du Pèlerinage. Dès son arrivée, nous entrons dans ce temps de prière, de recueillement, ponctué par des temps de méditation et de prières plus intimiste, des temps de rencontres et de communion qui rassemblent les pèlerins de tous horizons. Ce sont des moments d’une grande amplitude, des moments intenses et émouvants, des moments où toutes les prières s’unissent en une seule et même langue, celle de la paix. Très intense est le silence lors de la Bénédiction du Saint Sacrement, ce moment de communion dans la prière. Très émouvants, ces adultes qui choisissent de vivre dans l’Amour de Dieu et qui se confient à Lui lors de la Messe des Baptisés et Confirmants. Intensément émouvante, l’arrivée des lumignons lors de la Procession Mariale, ces rubans de Lumière qui descendent de la ville et convergent vers l’esplanade, en union de prière et rythmés par les chants à la Vierge. Grand moment de solennité cérémonielle, cette Messe Internationale qui marque la clôture spirituelle du pèlerinage. Moment de nostalgie lors de l' »au revoir », quand chacun repart vers son quotidien, empli d’une immense force intérieure trouvée dans ce lieu si particulier. Pour chacun, le pèlerinage se poursuit dans sa vie. Le lumignon de la Procession Mariale continue d’éclairer sa route, il est missionnaire et porteur de cette Lumière vers les autres.
Problèmes, Mésaventures, Imprévus, on peut les égrainer comme une litanie. Il n’y a pas une célébration sans son lot de PMI’s :
Des problèmes de micro restés silencieux et laissant nos voix se perdre au delà du deuxième rang dans la foule de pèlerins. Une image sans son sur de beaux écrans géants !
Des problèmes de « communication » lors des changements de dernière minute, comme par exemple l’orgue qui commence l’intro trop tôt ou pas du tout ou pas la bonne.
Des mésaventures : imaginez une rangée de soldats porte-drapeau au garde à vous comme une rangée de soldats de plomb et qui s’affaissent, l’un puis l’autre sous l’effet de la chaleur et/ou du stress.
La découverte de nos amis Croates aux voix superbes mais dont il fallait couper le micro pour les arrêter de chanter et pouvoir poursuivre la cérémonie.
Mésaventure de prévisions météo erronées, nous faisant chanter à l’extérieur sous une pluie diluvienne, trempés comme des éponges.
Des imprévus en pagaille ! Pas un office sans changements de programme de « dernière minute », alors que tout est normalement organisé, planifié, préparé au millimètre, à la minute près ! L’ordre est dérangé, on ne chante pas le Magnificat, mais l’Ave Verum qu’il faut vite retrouver dans son livret. Tantôt on rabote des couplets, tantôt il faut chanter « en boucle » pour laisser du temps aux officiants. Bref, chaque office demandait une bonne dose d’adaptation et de concentration.
Plaisirs et Moments Intenses : chaque pèlerinage en est truffé, mais le plus beau, le plus fort, le plus émouvant, reste le premier de ces six pèlerinages auxquels j’ai participé. Les premières fois sont toujours plus prégnantes et creusent le sillon de nos souvenirs. Nos yeux n’en croyaient pas nos oreilles ! Il y avait d’abord ces premières images du Sanctuaire dans la brume aperçue du train avant son entrée en gare. Il y avait cette foule qui grossissait, jusqu’à devenir immense, une foule bruyante, une foule turbulente, une foule priante, une foule méditante. 13 à 15 mille participants et jusqu’à 24 mille pour le 50ème PMI, c’est tout simplement énorme ! Lourdes devient pour quelques jours un grand carrefour de rencontres fraternelles, symposium militaire pour la Paix entre les peuples. Tout un brassage de nationalités, de langues qui s’unissent dans une même foi et une intense dévotion à Marie, notre Mère à tous. Tous se rassemblent soit sur le parvis du Rosaire, soit dans la Basilique Pie X ou à Sainte Bernadette, soit devant la Grotte ou dans la Prairie, pour les rendez-vous cérémoniels. Et puis il y a toute cette foule qui se tait, le brouhaha qui devient murmure avant d’être silence, tout ce monde dans un recueillement. C’est impressionnant !
S’il fallait extraire trois moments intenses parmi tous les moments vécus à Lourdes, il y aurait toutes les cérémonies, découvertes et rencontres du premier pèlerinage. Il y aurait l’arrivée de la procession mariale au flambeau dans la nuit tombante. Il y aurait la cérémonie œcuménique et la prière pour la Paix lors du 50ème. S’il fallait extraire trois moments particuliers, il y aurait l’exercice de haute voltige du chef sur le Messie de Händel. Il y aurait le changement de lieu en cours de cérémonie, nous encadrés par un peloton de MP autrichiens fendant la foule. Et il y aurait la messe télévisée lors du 49ème.
Les moments forts, ce sont aussi les moments de plaisir spirituel lors des cérémonies, pendant lesquelles les chœurs sont des acteurs de la liturgie et contribuent à faire monter les prières. Quelle émotion de chanter dans la grotte lors de la messe présidée par le Padre.
Le PMI, c’est aussi de vivre des moments de plaisir profane en dehors des cérémonies : c’est le plaisir des yeux à la vue des beaux uniformes, le plaisir des oreilles avec les musiques et fanfares, le plaisir de l’amitié, des rencontres et des retrouvailles. Quel grand moment de plaisir profane, cette soirée passée au pub « Roi Albert » lors du premier pèlerinage, lorsque nous avons chanté a cappella l’Alléluia du Messie de Hændel …. pour finir avec « Alouette, gentille alouette », le tout dans une ambiance de franche camaraderie avec les militaires allemands et français présents.
Pluie, Météo Incongrue : On a connu à Lourdes des variations météorologiques les plus extrêmes allant du froid à la canicule, de la sécheresse au déluge. Tout est possible. C’est donc particulièrement difficile de faire sa valise. Les derniers jours se passent avec l’œil rivé sur internet, d’un site météo à l’autre. Qu’est ce que j’emporte ? du chaud ? du léger ? Lunettes de soleil et crème ou bien ciré et parapluie ? Un vrai casse tête ! Alors on prévoit tout, car on ne sait jamais. Lourdes étant enclavée dans les Pyrénées, les nuages peuvent être arrêtés par les montagnes et préserver la vallée, mais peuvent aussi rester bloqués au-dessus et faire pleuvoir « comme vache qui pisse » ! Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas. Après deux années mitigées, deux années caniculaires, les 50ème et 51ème étaient diluviennes. On a chanté avec sa petite laine, on a chanté en laissant tomber la veste, ce qui est plutôt plaisant mais on a aussi chanté sous la pluie, les pieds dans l’eau, les vêtements détrempés et les notes diluées sur les partitions, ce qui n’avait rien de très exaltant. Mais dans le froid, la chaleur ou la pluie, les bons souvenirs sont au rendez-vous !
Prestance, Maestria, Impérieuse, ça c’est pour notre Chef ! Elle a pris le Chœur en main doucement mais sûrement avec sa force tranquille, son sourire et sa gentillesse. Ce n’était pas facile, la première année. La première fois, ce n’est jamais facile, que ce soit de marcher dans les pas de quelqu’un d’autre ou de bousculer des habitudes. Dans cette nouvelle mission qui lui avait été confiée, tout était très impressionnant : le lieu, la mission, le grand nombre de participants, l’accueil des « anciens » choristes du PMI, habitués à moins de rigueur…. et à ne pas être obligés de chanter pour profiter de l’emplacement idéal qu’offrait le chœur lors des cérémonies….. « Un changement, quelle horreur ! Une femme, ah non, nous on préfère un homme ! Une civile pour diriger le chœur du PMI, quelle hérésie ! Une fille de Paris, qui va se la péter ! On va la mettre au pas, cette petite ! Certaines soprani ont même au début « donné de la voix » dans la réprobation, une voix pas vraiment courtoise, petites notes dissonantes, mais qui ont retrouvé in fine leur place sur la portée de la concorde. Les fois suivantes, notre Chef est montée avec aisance et assurance sur un beau podium, fait spécialement pour elle.
Et voici que les dernières notent résonnent, les bardas se bouclent, les rues se vident, une dernière visite à la Grotte pour y puiser un peu d’eau, beaucoup d’énergie, un dernier salut à la Vierge et Lourdes retrouve son visage de recueillement plus intimiste.
Pèlerinage et Monde Intérieur. Quel beau voyage dans notre « fort intérieur » à la rencontre de notre part de divinité, à la rencontre de notre Lumière. Belles sont les retrouvailles avec Marie. Pérégrinons sur les routes de la vie, porteurs de son message d’Amour et de Paix.